Ouvrez grand vos oreilles 👂, voici LA chanson japonaise la plus vendue au monde (seule n°1 aux Etats-Unis, 13 millions de copies dans le monde) ! Son nom japonais et celui de son 1er interprète, Sakamoto Kyû, ne vous diront peut-être pas grand chose, mais quelque soit votre âge, vous avez des chances de l'avoir déjà entendue quelque part. Son secret ? Voyager incognito sous des noms d'emprunt 😉...
Ue wo muite arukô (Sukiyaki) - 上を向いて歩こう
Impératrice sous couverture
Film Ue wo muite arukô, Sakamoto Kyû 2e à gauche |
1ere publication : 30/09/2015.
Dernière Mise à jour : 18/09/2017.
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Histoire
Vidéo-clip
Paroles et romaji
Traduction personnelle
Anecdotes, postérité
Interprètes notables
Liens
Histoire
Il s'agit en effet de Ue wo muite arukô, plus connue en occident sous le nom... d'un simple (mais délicieux) plat de viande, le Sukiyaki - un peu comme si on avait exporté au Japon "Non, je ne regrette rien" de Piaf sous le patronyme de "Choucroute" ^^ !!
Pour comprendre l'histoire, revenons en 1961 : le jeune chanteur Sakamoto Kyû (坂本 九) vient de quitter un groupe à succès pour une carrière solo chez Toshiba Records. Son nouveau label le lance alors avec cette chanson composée par Nakamura Hachidai (中村 八大) et écrite par Ei Rokusuke (永 六輔), 2 artistes maison. Au départ, Nakamura est censé la chanter lui-même mais la production décide de présenter Sakamoto lors d'un concert de Nakamura. Sakamoto est prévenu 2 heures avant ; il l'interprète à sa façon, notamment en doublant le rythme initial, mais le résultat convaincs Nakamura de réarranger la chanson. C'est un grand succès au Japon, que le grand public découvre directement chantée lors d'une émission de la NHK le 19 août et qui se classe en tête des ventes d'octobre 1961 à janvier 1962, battant les records de l'époque.
Or un certain Louis Benjamin, propriétaire du label britannique Pye Records se trouve au Japon à ce moment-là, et flashe dessus aussi. Toutefois, conscient du fossé linguistique, il se borne à rapporter en Europe une version instrumentale (par les célèbres Kenny Ball and his Jazzmen) qu'il renomme en Sukiyaki, plus facile à prononcer tout en restant typiquement japonais.
Suite au succès de cette version, le label His Master's Voice sort la version originale, qui devient sa 6e meilleure vente à l'époque ! On arrive doucement en juin 1963, et le hit original traverse finalement l'Atlantique grâce à Capitol Records (qui reprend le titre d'emprunt Sukiyaki), pour se classer n°1 du +Billboard Hot 100, le "classement des classements" américains du célèbre magazine pendant 3 semaines.
Sakamoto s'engage alors dans une tournée aux USA et en Europe. La chanson sera par la suite reprise par plusieurs artistes japonais mais aussi américains, en anglais. De fait il est fort possible que vous l'ayez déjà entendue d'une manière ou d'une autre : dernièrement elle fut incluse dans le film d'animation du célèbre studioGhibli, La Colline aux Coquelicots. Elle permet de dater indirectement l'action d'ailleurs. Les affiches annonçant les JO de 1964 à Tokyo mettent une limite haute ; dans une scène, la petite sœur de l'héroïne refuse de sortir faire les courses car elle attends le tour de chant d'un chanteur d'Enka, Funaki Kazuo, alors que Sakamoto Kyû entame cette fameuse chanson. La famille regarde avec une certaine attention, mais la chanson est sans doute déjà bien connue ce qui fait que ce n'est pas elle qui retient l'attention de la fillette. En revanche il se trouve que Funaki a débuté en 1963 ! Nous sommes donc vraisemblablement entre mi-1963 et mi-1964 😉 C'est un double clin d’œil, Sakamoto étant né à Kawasaki, non loin de Yokohama où l'action prend place, 70 ans avant la sortie du film (2011). On notera que le titre de la chanson est même écrit sur l'affiche du film ; celle-ci s'accorde en effet assez bien à l'état d'esprit des 2 héros...
Si les paroles peuvent s'interpréter de manière assez large, comme par exemple un chagrin d'amour, un deuil, c'est en revenant d'une manifestation peu productive contre les bases américaines au Japon que Ei dit avoir trouvé l'inspiration et c'est sa déception qu'il essaye de surmonter à l'origine... Quoiqu'il en soit, les sentiments exprimés de résilience et de continuer à avancer malgré ses larmes sont assez représentatives de l'esprit nippon, où la vie est rythmée par les catastrophes naturelles. Ceci et la mélodie assez légère, en partie sifflotée, facile à retenir, ont sans doute contribué à son succès.
La chanson est assez typique du style Kayôkyoku, intermédiaire entre l'Enka et ce qu'on appellera bientôt J-Pop. En effet, le chant conserve un léger vibrato (mélisme), mais le rythme et l'instrumentation s'affranchissent des codes traditionnels pour tendre vers quelque chose d'encore plus occidental.
Sakamoto s'engage alors dans une tournée aux USA et en Europe. La chanson sera par la suite reprise par plusieurs artistes japonais mais aussi américains, en anglais. De fait il est fort possible que vous l'ayez déjà entendue d'une manière ou d'une autre : dernièrement elle fut incluse dans le film d'animation du célèbre studio
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Vidéo-clips playlist
Divers interprètes de la chanson, en différentes langues (cf. Interprètes notables plus bas).Paroles et romaji
上を向いて歩こう
Ue wo muite arukô
涙がこぼれないように
涙がこぼれないように
Namida ga koborenai you ni
思い出す春の日
思い出す春の日
Omoidasu haru no hi
一人ぼっちの夜
一人ぼっちの夜
Hitoribotchi no yoru
上を向いて歩こう
上を向いて歩こう
Ue wo muite arukô
にじんだ星を数えて
にじんだ星を数えて
Nijinda hoshi wo kazoete
思い出す夏の日
思い出す夏の日
Omoidasu natsu no hi
一人ぼっちの夜
一人ぼっちの夜
Hitoribotchi no yoru
幸せは雲の上に
幸せは雲の上に
Shiawase wa kumo no ue ni
幸せは空の上に
幸せは空の上に
Shiawase wa sora no ue ni
上を向いて歩こう
上を向いて歩こう
Ue wo muite arukô
涙がこぼれないように
涙がこぼれないように
Namida ga koborenai you ni
泣きながら歩く
泣きながら歩く
Nakinagara aruku
一人ぼっちの夜
Hitoribotchi no yoru
思い出す秋の日
一人ぼっちの夜
Hitoribotchi no yoru
思い出す秋の日
Omoidasu aki no hi
一人ぼっちの夜
一人ぼっちの夜
Hitoribotchi no yoru
悲しみは星のかげに
悲しみは星のかげに
Kanashimi wa tsuki no kage ni
上を向いて歩こう
上を向いて歩こう
Ue wo muite arukô
涙がこぼれないように
Namida ga koborenai you ni
泣きながら歩く
Nakinagara aruku
涙がこぼれないように
Namida ga koborenai you ni
泣きながら歩く
Nakinagara aruku
一人ぽっちの夜
Hitoribotchi no yoru
Hitoribotchi no yoru
一人ぽっちの夜
Hitoribotchi no yoru
Traduction personnelle
(En gras, traduction mentionnée en sous-titres de La Colline aux coquelicots).
Marchons en regardant le ciel
de sorte que les larmes ne coulent pas.
Je me souviens des jours de printemps
En cette nuit de solitude.
Marchons en regardant le ciel
de sorte que les larmes ne coulent pas.
Je me souviens des jours de printemps
En cette nuit de solitude.
Marchons en regardant le ciel
les yeux remplis de larmes, *
je compte les étoiles troubles *
Je me souviens des jours d'été
En cette nuit de solitude
Notre bonheur flotte sur les nuages
Notre bonheur se reflète dans le ciel
Marchons en regardant le ciel
de sorte que les larmes ne coulent pas.
Je marche en pleurant
En cette nuit de solitude
(Sifflement)
Je me souviens de cette journée d'automne
cette nuit je me sens seul
La tristesse se cache entre les étoiles
La tristesse se cache dans l'ombre de la lune
Marchons en regardant le ciel
de sorte que les larmes ne coulent pas.
Je marche en pleurant
En cette nuit de solitude
En cette nuit de solitude
(Sifflement)
Notes de traduction :
* Rajout du traducteur du film pour figurer le fait que les étoiles soient vues troubles sans mentionner cela explicitement ; personnellement, je pense que la phrase originale "je compte les étoiles troubles" se suffit à elle-même dans le contexte d'où mon rajout du mot "trouble".
Anecdotes, Postérité
L'astéroïde 6980 porte le nom de KyuSakamoto mais est une référence plus large à cette chanson en incluant non seulement le "9 (kyû)" de Kyû mais aussi le "6 (roku)" de Ei Rokusuke et le "8 (hachi)" de Nakamura Hachidai !
On peut l'entendre en gare de Tomobe à Kasama où Sakamoto a passé une partie de son enfance et dans plusieurs gares de Kawasaki bien sûr (lignes JR et Keikyu) depuis la fin des années 2000s.
Ue wo muite arukô a inspiré un film du même nom avec Sakamoto en vedette en 1962. Des scènes de ce film constituent désormais le "vidéo-clip" que l'on peut voir dans la plupart des karaokés.
Elle fut chantée au Kôhaku par Sakamoto lui-même en 1961, mais plusieurs fois aussi ensuite après sa mort. En particulier en 2011 pour un hommage aux victimes du tsunami de Fukushima, par Matsuda Seiko et Kanda Sayaka.
De fait c'est une chanson qui, à l'instar de Makenaide par ZARD, Tomorrow de Okamoto Mayo ou Nando demo de Dreams Come True... , est très appréciée pour consoler et redonner du courage.
Interprètes notables
Liens affiliés CDJapan, avec extraits audio. Merci d'autoriser les cookies si vous avez apprécié l'article m(_ _)m.
08/2004: Best of ; inclus ses plus grands succès (y compris de la période Danny Iida to Paradise King): Kanashiki Rokujussai, Ue wo muite arukou, Miagete goran Yoru no Hoshi wo, Ashita ga aru sa, Shiawase nara Te wo tatakou...
07/2011: Sa version de Ue wo muite arukou se trouve aussi sur l'album Original Soundtrack du film Ghibli La Colline aux Coquelicots.
Kenny Ball and his Jazzmen : mentionnés ci-dessus, version instrumentale en 1962, un hit en Europe sous le titre Sukiyaki.
Marcel Amont : dès 1963, le parolier Frank Gérald adapte librement les paroles en français ("Sous une pluie d'étoiles") pour le célèbre chanteur, qui reprend quand même une partie des paroles japonaises originales 👍, plus des références au titre de Kenny Ball.
Claude Valade : en 1963 aussi, la jeune chanteuse québécoise, née la même année que Sakamoto, se saisit du texte français, en enlevant toute référence japonaise et ralentissant le rythme, et connaît ainsi son 1er gros succès. Elle sera rapidement imitée par sa compatriote Margot Lefebvre.
Jewel Akens : en 1966, l'artiste soul américain traduit Sukiyaki en anglais pour la 1ere fois, sous le titre "My first lonely night".
A taste of Honey : c'est en 1980 que ce groupe Disco-Soul américain effectue la plus célèbre adaptation du titre en anglais, en conservant le titre Sukiyaki. De fait il s'agit d'une adaptation libre et non d'une traduction exacte, mais elles introduisent une instrumentation très orientale en référence à son origine. Leur version se hisse en 3e au Billboard Hot 100 et 1er aux Billboard Soul chart et Adult Contemporary en 1981.
Cette version fut aussi largement utilisé en tant que sample par les rappeurs tels Snoop Dogg, Missy Elliott, Slick Rick...
Selena Quintanilla Perez: la plus célèbre chanteuse latino-américaine de son -trop bref- temps (assassinée à 23 ans !) avait traduit et interprété Sukiyaki en espagnol en 1989 à partir de la version d'A Taste of Honey : Caminaré Mirando Arriba.
4PM : le quatuor R&B américain reprend la version d'A taste of Honey en 1994. Ils arrivent sur le podium en Australie.
On note aussi des versions brésiliennes, néerlandaises, allemandes...
Au Japon, elle fut interprétée en live par Utada Hikaru, Che'nelle, Hikawa Kiyoshi, la violoniste Yukawa Diana (dont le père est mort dans la même catastrophe que Sakamoto)...
On peut aussi noter la reprise du grand Ben E. King fin 2011 pour commémorer le tsunami de Fukushima, en japonais !
B.B. Queens : le groupe célèbre pour son générique de Chibi Maruko-chan le reprend notamment dans l'album de sa reformation en 2011. Dans les années 80, un de ses chanteurs principaux l'avait repris en solo en version blues.
Kubota Toshinobu (久保田利伸) : le célèbre chanteur RnB japonais a repris la... version anglophone en 2016 pour son "Best" of Collaboration !
Sources : wikipedia JP, site officiel de Sakamoto, lyrics.wikia.com (kanji), reportages...
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